La culture tiki est un mouvement fondé sur les interprétations occidentales des cultures polynésiennes et maories. Il est né et a évolué aux Etats-Unis. Les racines de ce mouvement remontent à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les navigateurs ont commencé à explorer des îles tropicales exotiques et à appréhender les cultures polynésiennes, et en particulier maories. De fil en aiguille, le goût pour tout ce qui est polynésien a fini par devenir une véritable mode qui a atteint son apogée dans les années 1950. Il y a actuellement un renouveau Tiki, mais avant d'en arriver là, voyons voir comment tout a commencé…
L’imaginaire de la culture tiki
Le plus souvent, quand nous entendons le mot "Tiki", nous pensons directement aux moai de l’île de Pâques, aux chemises hawaïennes et aux cocktails à base de rhum. Et pourtant, le tiki a une origine mythologique et sacrée pour les polynésiens ! Avant d’être revisitées en verres à cocktail, ces statues en bois sculptées avec des yeux perçants et un air menaçant ont une signification réelle et hautement symbolique. Les statues tiki font partie intégrante de la mythologie, de la culture et de l'histoire du Pacifique Sud. Depuis l'Antiquité, ces statues tiki polynésiennes traditionnelles étaient des images sculptées dans des arbres désignés comme sacrés par le chef spirituel d'une tribu. On croyait que si le dieu représenté par la sculpture était satisfait de la ressemblance, il allait habiter la statue, qui était ensuite placée à un endroit spécial dans une maison ou sur un bâtiment du village.
Le nombre de légendes entourant le Tiki est tout à fait étonnant, peut-être parce que tant de cultures insulaires rendent hommage à ces dieux maoris. Les quatre principaux dieux Tiki hawaïens sont Ku le Dieu de la guerre, Lono le Dieu de la fertilité et de la paix, Kane le Dieu de la lumière et de la vie, et Kanaloa le Dieu de la mer. Les anciens disciples adoraient ces dieux par la prière, le chant, le surf, la luge de lave et même le sacrifice humain.
La culture tiki américaine : des origines qui remontent au 19ème siècle
La fascination américaine pour ce qu'on appellerait la culture tiki a commencé il y a plus de 100 ans. Ses origines remontent au XIXe siècle, lorsque les Américains se sont intéressés au Pacifique Sud, aux récits d'aventures en mer du Sud, à Robert Louis Stevenson, etc.
De nombreux autres facteurs continueront à alimenter cet intérêt au fil des ans, notamment le voyage de Thor Heyerdahl du Pérou à la Polynésie française en 1947, sur un radeau de balsa qu'il avait appelé le Kon-Tiki.
Le public de époque a alors développé un certain idéalisme romantique pour ces contrées lointaines où la vie semblait si douce. Les symboles de la culture polynésienne, comme les statues tiki ont commencé à s’exposer dans des collections privées en Europe et aux États-Unis.
C'est précisément une de ces sculptures maories qui a été exposée en 1894 à l'Exposition internationale de la mi-hiver à San Francisco.
Quatre ans plus tard, les îles Hawaïennes sont devenues un territoire américain à part entière, et le tourisme sur l'île principale de Waikiki s'est suffisamment développé pour qu'en 1901, l'hôtel Moana ouvre ses portes sur Waikiki Beach. La culture polynésienne était en bonne voie d’influencer directement la culture américaine !
La genèse des tiki bars
Pour trouver le vrai point de départ du tiki tel que nous le connaissons aujourd'hui, il faut cependant remonter à 1934, et croiser le chemin de Ernest Raymond Beaumont Gantt, un contrebandier itinérant et curieux, ami de nombreuses élites hollywoodiennes. De retour du Pacifique Sud, il était à la recherche d'une nouvelle aventure commerciale. Faisant coïncider son amour pour les tropiques et l'engouement américain pour tout ce qui était exotique, il a ouvert un bar et un salon de style polynésien à Los Angeles. Le « Don the Beachcomber » fut un succès immédiat. Se faisant dorénavant appeler Donn Beach, Beaumont devient une légende du tiki bar.
Donn Beach servait à ses clients des cocktails de son invention, qui se distinguaient par des mélanges complexes. Il s'agissait de boissons au rhum additionnées à des jus de fruits aux noms exotiques, comme son célèbre Zombie qui est réalisé avec pas moins de cinq rhums différents. Donn Beach était déterminé à offrir à ses clients une "vraie" expérience tropicale, avec de la nourriture, des boissons, de la musique et des objets de décoration authentiques. Il a même fait installer un système de pulvérisation d'eau sur le toit en tôle du restaurant pour simuler les pluies tropicales.
L'établissement de Beach connut un tel succès qu'en 1937, un concurrent nommé Vic Bergeron ouvrit son propre tiki bar appelé Trader Vic's. Pour surfer plus encore sur la vague maorie, Bergeron fait sculpter une statue tiki pour servir d’enseigne à son établissement. Et il s’est servi de la même image sur ses menus et autres imprimés. Cette initiative particulière a contribué à la fusion de "Polynésien" et "Tiki" dans l'esprit des Occidentaux.
Pas de culture tiki sans cocktail !
Quand Donn Beach a lancé la mode des tiki bars et des happy hours aloha, ses cocktails reposaient uniquement sur le rhum. Et aujourd’hui encore, le rhum reste l'essence même d'une bonne boisson tiki, sa saveur fondamentale.
En réalité, la plupart des cocktails exotiques classiques suivent une formule stricte. Et Lorsque Donn Beach commença à préparer ses cocktails, il les construisit sur le modèle beaucoup plus ancien d'une boisson appelée Planter's Punch. Malgré la culture tiki polynésienne, cette boisson au rhum est d'origine caribéenne. Car dites-vous bien qu’il n'y a pas de rhum dans le Pacifique Sud, ni de tradition de cocktails.
Traditionnellement, le Planter's Punch est élaboré selon la règle suivante :
1 dose d'acide (citron vert)
2 de sucré (sucre de canne)
3 de forte (rhum)
4 de faible (eau)
Donn Beach a réalisé que cette formule laissait une grande place à l’expérimentation et à l’innovation. Au rhum, il a osé associer des jus frais : citron vert, ananas, pamplemousse, jus d'orange, … qui ajoutent une touche tropicale. Mais aussi des liqueurs, des amers et des sirops différents. Pensez par exemple au sirop Orgeat et bien sûr à la liqueur de Curaçao (un ingrédient qui fait partie du meilleur cocktail tiki de l'histoire, le Mai Tai).
Si vous aussi, vous avez envie de plonger dans la culture tiki, créez vos propres cocktails exotiques et servez-les dans un véritable verre tiki traditionnel !
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