Le vin chaud est une boisson traditionnelle en France, et particulièrement dans les régions de l’Est comme l’Alsace et la Lorraine. Mais saviez-vous que les origines de cette boisson de Noël remontaient à l’Antiquité ? Les Romains avaient pour habitude de boire un vin épicé pour les grandes occasions. Et au Moyen-Âge, le vin chaud était carrément considéré comme un médicament !
En décembre, avec le froid glacial de début d’hiver qui règne, s’arrêter pour boire un verre de vin chaud est un passage obligé. Et d’ailleurs c’est presque la seule solution pour survivre dans les marchés de Noël ! Le mélange délicieusement sucré de vin rouge, d'épices et d’agrumes vous réchauffe de l’intérieur, tandis que la tasse bien chaude empêche vos doigts de geler à mort. Dans ces conditions, comment s’étonner que le vin chaud soit si populaire ?
Bon, c’est à nuancer quand même. Car, il faut bien l’avouer, le vin chaud n’est pas extrêmement prisé parmi les connaisseurs de vin et les œnologues ! Ces derniers sont horrifiés par le concept même de vin chauffé et macéré. Aucune jambe, aucun bouquet ne peut se développer là où passe la cannelle et les clous de girofle, nous sommes d’accord.
Vin chaud ou champagne ?
Petit secret : le jugement sévère porté sur le vin chaud par les amateurs de vin ne les empêche pas d’en boire ! Bien au contraire. Le vin chaud fait partie d’une tradition, et il n’a jamais prétendu entrer en compétition avec les meilleurs vins millésimés.
Fritz Schumann, Maître de l'Ordre de la Confrérie du Vin du Palatinat, nous confie que le vin chaud lui rappellera toujours sa jeunesse. Dans sa famille, le soir du Nouvel An, il n’y avait pas de champagne. Tout le monde buvait du vin chaud en attendant minuit et la nouvelle année. Ce n’est que le jour du 1er de l’an, lorsque les invités arrivaient pour le déjeuner, que le champagne était débouché. Schumann nous avoue préférer la recette traditionnelle du vin chaud, avec un vin rouge décent, de la cannelle, de l’anis étoilé, quelques clous de girofle et une tranche de citron. Il rejette en bloc le vin blanc chaud, sachez-le.
Les recettes antiques de vin chaud
La tradition du vin chaud peut être retracée jusqu’à des temps encore plus reculés que l’enfance de Monsieur Schumann. En effet, c’est à l’époque romaine que l’on retrouve les premières traces de consommation d’une boisson similaire. Croyez-le ou non : les racines du vin chaud remontent si loin que ça !
Le livre de recettes d’Apicius, vieux de 2000 ans, comporte une fiche sur le "conditum paradoxum", littéralement « le vin exquis épicé ». Si vous voulez réaliser la plus ancienne recette de vin chaud connue, vous pouvez prendre un vieux Sylvaner. Cinq litres de vin sont mélangés à un litre de miel, 30 étoiles de badiane, trois bâtons de cannelle, du laurier, des clous de girofle, des graines de coriandre et du thym.
Nous avons essayé, et… le résultat est plutôt bon !
Il faut savoir qu’à l’époque romaine, les vins étaient extrêmement acides. Cette manière d’ajouter du sucre et des épices devait tout simplement rendre le vin de table juste consommable. L’ajout de miel devait également jouer sur la durée de conservation du vin, et l’allonger considérablement. En effet, ce n’est qu’autour de 1500 que l’homme a pu ajouter du soufre à ses vins, les rendant bien plus durables.
Pourquoi mettre des épices dans le vin chaud ?
Chez les Romains, on faisait du vin chaud pour améliorer le goût du vin ordinaire et pour allonger sa durée de vie. Soit. Mais il y a une autre raison pour laquelle ils se sont mis à verser des épices dans le vin : pour se la péter ! A l’époque, seuls les très riches pouvaient se permettre de consommer des épices, qui étaient alors extrêmement onéreuses et importées de pays lointains. Le vin chaud était donc une boisson consommée principalement par les gens de la haute société. Le pékin lambda aurait à peine pu ajouter un peu de menthe poivrée à sa piquette ordinaire…
Ce qu’on remarque sur les épices, c’est que depuis cette époque, ce sont toujours les mêmes qui sont utilisées. Anis étoilé, cannelle, clous de girofle… Ce sont des valeurs sûres qui seront sans doute encore utilisées dans 2000 ans !
Le vin chaud comme médicament
Dans l’Histoire, en plus d’une consommation récréative par pur plaisir des sens, le vin chaud a également été consommé en tant que médicament. Dans sa pharmacopée publiée en 1580, Jérôme Bock, pasteur et botaniste qui œuvrait en Alsace et au Palatinat, recommande déjà le vin aux herbes contre la « douleur du thorax » et « l’estomac mouillé » (c’est-à-dire la diarrhée, n’ayons pas peur des mots).
De nos jours, la médecine a fait énormément de progrès. Et on se rend compte que certaines personnes (on ne citera aucun nom) se sentent bien plus mal après avoir consommé du vin chaud qu’avant. C’est donc un remède à utiliser avec parcimonie, et, surtout, à consommer avec certaines garanties de qualité.
Évitez les vins chauds de supermarché ou ceux vendus pour une somme astronomique sur les marchés de Noël. Ils sont médiocres. Comment voulez-vous qu'un vin chaud tout prêt vendu 1,50€ la bouteille contienne autre chose qu'une infâme piquette trop sucrée? Faites plutôt votre vin chaud vous-même, à partir d’un bon vin de base : c’est très simple et vous vous régalerez en évitant bien des maux de tête !
Et pour servir votre bon vin chaud fait maison, rien de mieux qu'un mug de Noël parfaitement de saison !
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